Dans mon enfance, nous nous rendions souvent en vacances dans la maison familiale, berceau de la branche paternelle. Durant la période hivernale, des voisins, de lointains cousins, prenaient soin des extérieurs, taillant l'herbe et entretenant les rosiers et la treille. Pour les remercier, mon père avait coutume de leur apporter des cadeaux, et comme il est grand amateur de vin, les émoluments avaient souvent une forme liquide. Connaisseur averti, il choisissait toujours avec un soin particulier les breuvages qu'il offrait, couleur, cépage, robe, afin de cibler au mieux les goûts du destinataire. Et une année, il leur offrit un sauternes, un Rabaud-Promis, une merveille d'équilibre vinifié. Ils le reçurent avec la solennité qui s'impose et le couchèrent dans leur cave pour qu'il y prenne du repos. Deux ou trois ans plus tard, à la saison des cerises, comme nous étions là pour préparer notre séjour estival, nous passâmes, mon père et moi, chez eux pour boire un café "arrosé" (à la gnôle locale à la prune et à 9 heures du matin !) et prendre les nouvelles du pays. Au premier "café", je ne trouvai déjà plus ni le fruité de la prune, ni le velouté de l'arabica et il me semblait que les meubles dansaient dangereusement quand entra la bru de notre hôtesse, un panier à la main. Tendant un flacon à sa belle-mère, elle précisa : "J'ai pas eu besoin de votre vin, finalement, j'en ai eu assez avec ce qui me restait." Cette dernière, se tournant vers mon père s'enquit : "Tu veux pas le prendre si ta femme veut faire des cerises ? Ca me porte peine de descendre à la cave juste pour ranger la bouteille." Et là, dans sa main, malgré mon éthylisme en cours d'avancement, je reconnus l'écriture noir sur blanc en petites capitales du Château Rabaud-Promis. Mon père, qui avait fait la même constatation que moi, tendit la main et lui dit : "Si, donne, va, et si elle ne fait pas de cerises, bientôt nous aurons les prunes de la Saint Jean." Nous escamotâmes rapidement la bouteille et rentrâmes à la maison où elle s'en alla rejoindre ses cousines au frais dans la cave. Nous n'évoquâmes jamais entre nous l'incident mais de ce jour, mon père décida que, des bonbons au chocolat, pour offrir, c'est bien. Et je me jurai dans mon for intérieur que je ne ferai jamais de cerises au vin. Il vaut bien mieux les sécher avec les fraises pour en faire des cookies.
pour 16 cookies fraises, cerises et chocolat convenables :
- 185 g de farine T65
- 1/2 cc de bicarbonate de sodium
- sel fin
- 110g de beurre
- 90 g de sucre complet ou cassonade
- 70 g de sucre blanc
- 1 sachet de sucre vanillé
- 1 oeuf
- 40 g de cerises séchées
- 40 g de fraises séchée
- 75 g de pépites de chocolat
Mettre le beurre et les sucres dans un saladier et travailler en pommade.
Incorporer l'oeuf.
Ajouter la farine le bicarbonate et le sel, les amalgamer.
Incorporer les fraises et cerises séchées coupées en petit morceaux en travaillant la pâte le moins possible.
Rouler la pâte en 1 boudin de 5 cm de diamètre.
L'emballer dans du papier aluminium ou du film alimentaire et le mettre au réfrigérateur 3 heures environ.
Préchauffer le four thermostat 170 °C.
Sortir le boudin et le couper en tranches de 1 à 1,5 cm d'épaisseur.
Les poser sur la plaque du four recouverte de papier sulfurisé et cuire 8 minutes environ.
Laisser tiédir sur la plaque à la sortie du four.
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